
Derrière les processus de livraison terrestres, saviez-vous que se cache une logistique qui peut s’avérer un vrai casse-tête? Venez à la découverte du métier de répartiteur en transport routier, où Viviane Paquette-Martin est la chef d’orchestre d’un ballet de transporteurs routiers.
J’ai découvert ce métier au cours de mon baccalauréat en administration. Durant ma spécialisation en gestion des opérations, j’ai eu la chance d’effectuer un stage au Groupe Robert. C’est à ce moment-là que j’ai eu la piqûre pour le métier de répartiteur routier. J’y travaille maintenant depuis environ un an. Il est important de savoir qu’il n’y a pas de formation spécifique requise pour faire ce travail. En revanche, c’est un atout d’avoir complété un DEC en logistique. La gestion des opérations est un champ vaste comprenant, entre autres, le transport, l’approvisionnement, l’optimisation des processus, etc. Me concernant, j’ai toujours eu un intérêt particulier pour l’univers des transports, car c’est un domaine stimulant et constamment en changement.
Les tâches varient beaucoup en fonction des types de transports, des quarts de travail et de la région attribuée. De mon côté, j’interviens à Boucherville, sur la rive sud de Montréal. En général, je commence ma journée par la consultation de ma boîte courriel dans laquelle il peut s’y retrouver des demandes de ramassage, des livraisons spéciales ou importantes ou des sollicitations particulières de la part de mes collègues. Par la suite, grâce au système informatique, je survole les déplacements à effectuer dans la journée pour déterminer la charge de travail à prévoir. Puis, à l’aide d’un système de localisation, j’analyse les chauffeurs qui travaillent avec moi pour la journée. Cela me permet ainsi de brosser un portrait général des opérations afin d’élaborer un plan de travail plus détaillé. Ensuite, vient l’étape de la planification, où j’affecte des tâches aux chauffeurs qui sont en attente de connaître les éléments spécifiques associés au type de trajet à emprunter, du transport à utiliser et de marchandise à livrer.
Le reste de la journée est toujours variable et ponctué de situations impromptues. L’image qui me vient à l’esprit est celle du casse-tête, car selon les mandats de la journée, je dois m’assurer que tout s’imbrique ensemble afin d’optimiser, le plus possible, les déplacements et les ressources disponibles. J’assure aussi un rôle de soutien auprès des chauffeurs, puisque ceux-ci font souvent face à divers imprévus (problèmes de systèmes, bris de camions ou de remorques, etc.). Dans ces moments, je dois trouver la bonne ressource qui pourra leur venir en aide rapidement. Durant la semaine, il y a aussi des rencontres entre les différents répartiteurs afin de se mettre à jour sur les informations récentes et pertinentes, provenant des différentes régions, qui sont susceptibles d’influer sur notre travail.
J’aime particulièrement le fait que cette profession n’est pas routinière. Chaque journée amène son lot de défis différents. Étant donné que mon travail tourne autour de la logistique, je me sens particulièrement utile lorsque l’impact de mes décisions amène un apport positif sur les opérations ou sur l’entreprise. Au bout du compte, c’est lorsque je ressens la satisfaction des clients et des chauffeurs que j’ai la confirmation que j’ai réussi à bien exécuter mon travail.
Un autre aspect que j’apprécie de mon emploi est le travail d’équipe. Il y a beaucoup d’entraide au sein des répartiteurs en transport. Nous sommes très solidaires et l’on peut toujours compter les uns sur les autres. Cependant, il faut que j’apprenne à mettre des limites, car cette entraide me joue parfois des tours. Surtout lorsque je me rends compte que cela crée un manque d’effectif dans ma propre région. Globalement, j’aime que ce travail m’amène toujours à me surpasser.
Un des aspects du métier avec lequel je suis un peu moins à l’aise, c’est lorsque je dois répondre aux exigences des chauffeurs et des clients même si celles-ci s’opposent. Dans ces moments, je dois être en mesure de minimiser les insatisfactions. Pour ce faire, je dois bien comprendre les exigences des deux parties. Puisque je suis, en quelque sorte, le trait d’union entre les deux, je dois faire montre de patience et de compréhension.
Une autre facette du métier moins facile à concilier est qu’il est parfois exigeant et stressant. Étant donné que pour exercer cette profession, aucune formation particulière n’est exigée, il faut être prêt à réagir rapidement et à se former sur le terrain. Cela amène parfois des incertitudes sur nos capacités, et il faut faire preuve de détermination pour passer outre. Heureusement qu’un système de mentorat est mis en place dès le départ pour nous soutenir dans nos actes et nos décisions et nous aider à nous améliorer.
Quand ce métier est évoqué, l’idée qui vient généralement en tête est la gestion des opérations. Cependant, ce métier exige autant de gérer du personnel que de gérer des opérations. Bien sûr, nous ne sommes pas des professionnels en ressources humaines. Toutefois, c’est une dimension importante à considérer dans ce travail. Aussi, les gens pensent souvent que ce sont surtout les demandes de livraison qui représentent la majorité des requêtes. Cependant, il y a aussi beaucoup de demandes de ramassage. Une autre idée reçue concernant ce métier est qu’il consiste essentiellement à amener une remorque ou un camion du point A au point B. Dans la réalité, il y a beaucoup plus de logistique. Plein de facteurs peuvent faire dévier le plan initial et il faut user de plusieurs astuces pour que le transport arrive à bon port.
La débrouillardise est une compétence clé pour effectuer ce type de travail. Étant donné que nous sommes la personne-ressource et que nous n’avons pas toujours la solution à portée de main, il faut être en mesure de se débrouiller pour la trouver rapidement. De plus, il faut aussi faire montre de beaucoup de patience, et ce, à la fois avec les chauffeurs et les clients. Certains clients sont moins compréhensifs que d’autres et tolèrent peu les retards, même si ceux-ci sont causés par des facteurs hors de notre contrôle. Dans ces moments, nous devons user de diplomatie en mettant de l’eau dans notre vin. Aussi, puisque nous sommes constamment en communication au téléphone avec les collègues, les chauffeurs et les clients, il faut avoir de bonnes aptitudes à la communication ainsi que de l’entregent.
La maîtrise de plusieurs langues est aussi importante, puisque nous sommes amenés à travailler avec des chauffeurs et des clients anglophones et hispanophones. Qui plus est, il faut aussi être en mesure de bien gérer la pression, puisqu’il y a beaucoup de chauffeurs et de clients qui comptent sur nous; c’est parfois un lourd poids à porter. Il faut avoir certaines compétences en négociation, car à l’occasion, il y a plus de livraisons que de chauffeurs disponibles. Il faut utiliser des stratégies pour que les chauffeurs acceptent les contrats, même s’ils n’avaient pas manifesté leur intérêt.
L’entreprise pour laquelle je travaille fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours par semaine et pratiquement 365 jours par année. Étant donné le grand nombre d’heures d’ouverture, plusieurs choix d’horaires sont disponibles. Il y a plusieurs quarts de travail : de jour, de soir, de nuit ou de fin de semaine. La fin de semaine et la nuit sont des moments où nous devons encore plus faire preuve de débrouillardise, car l’équipe est réduite et nous avons un plus grand territoire à couvrir. Le Groupe Robert offre un grand éventail d’avantages sociaux ainsi qu’une panoplie d’activités sociales. Les salaires sont compétitifs et il est possible de gravir les échelons. Cependant, les salaires et les avantages sociaux peuvent évidemment varier d’une entreprise à l’autre.
De façon générale, le transport est un domaine qui change constamment. Depuis l’avènement de la COVID, ce domaine s’est développé à une vitesse fulgurante, entre autres, avec l’essor des livraisons à domicile. La crise tarifaire a aussi un certain impact. L’intelligence artificielle s’immisce tranquillement dans certains processus de travail. Son utilisation va, entre autres, augmenter l’efficacité de la planification.
C’est un emploi qui exige d’avoir une grande flexibilité et une bonne capacité d’adaptation. Il faut être capable de trouver rapidement des solutions aux problèmes et être en mesure de pallier les imprévus efficacement. Il ne faut surtout pas craindre d’apprendre de ses erreurs, car c’est un métier qui s’apprend directement sur le terrain dans le feu de l’action. Il faut être un excellent communicateur et demeurer ouvert à l’apprentissage constant. De plus, il faut être à l’aise à la fois au téléphone et à l’ordinateur, car ce sont deux outils qui sont constamment utilisés. C’est aussi important de savoir que c’est un domaine majoritairement masculin, donc il ne faut pas craindre d’entreprendre cette carrière si l’on est une femme.