Entrevue avec une illustratrice

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
20 juillet 2020
Illustratrice : Caroline Bochud

Les illustrations présentées dans un document sont bien souvent à l'origine de l'intérêt du lecteur pour celui-ci. Pourtant, la personne qui crée ces images travaille souvent dans l'ombre.

Caroline Bochud
Rainette Illustration
Illustratrice
Question
Comment avez-vous choisi votre métier?
Réponse

Quand j’étais enfant, je pouvais passer des heures à reproduire les images d’oiseaux que je voyais dans les guides d’observation. J’ai toujours eu du talent et de l’intérêt pour le dessin, mais à cette époque, je considérais l’art comme un passe-temps plutôt qu’un travail alors j’ai choisi d’étudier en biologie. Les ouvrages de littérature scientifique que je consultais regorgeaient d’images détaillées permettant, entre autres, de différencier les espèces animales ou végétales. C’était l’opportunité rêvée pour moi de relier les arts et les sciences dans mes activités professionnelles. Après quelques emplois dans le domaine de la biologie, je suis retournée aux études pour compléter un certificat sur mesure à l’université. Ce type de programme m’offrait la liberté de concevoir moi-même mon plan de formation avec les cours de dessin et d’illustration nécessaires pour me spécialiser en littérature scientifique.

Question
À quoi ressemble une journée type de travail?
Réponse

Mon horaire est déterminé par les contrats qui peuvent se présenter à tout moment. En général, je travaille sur différentes demandes en même temps, ce qui signifie que je peux être en train d’établir le prix pour un projet pendant que je termine la production d’un autre. En plus de concevoir l’illustration, je conseille les clients au regard de leurs besoins, je négocie mes propres contrats, je fais différents suivis et je travaille à me faire connaître. On me contacte surtout par courriel et il est très rare que je rencontre directement les gens avec qui je fais affaire. Bien que je sois spécialisée en littérature scientifique, je peux répondre à différents mandats comme représenter en images le texte d’un livre jeunesse par exemple. Dans ce cas, je dois lire le manuscrit avant de débuter les esquisses. Une plus grande implication est aussi demandée selon la nature des projets, le nombre d’images à créer et le style de l’illustrateur. Plus il y a de détails dans les dessins, plus cela demandera du temps pour les réaliser. 

Question
Qu'est-ce qui est le plus difficile dans votre travail?
Réponse

Certaines périodes de l’année sont plus fructueuses que d’autres. Pendant l’automne, j’ai souvent beaucoup de contrats. En contrepartie, les mois de février et mars sont plus calmes. Le travail reprend au printemps avant de ralentir à nouveau pendant la période estivale. Dans le domaine de l’édition, les projets doivent souvent être créés vers la fin de l’année pour ensuite être imprimés et livrés au printemps, ce qui explique un peu l’irrégularité du rythme de travail. J’ai illustré dernièrement une grande carte installée à l’entrée d’un parc mais je n’ai pas encore eu l’occasion de m’y rendre. C’est regrettable mais je ne vois pas toujours le produit final dans lequel mes images se retrouvent. L’aspect social me manque parfois car c’est un travail plutôt solitaire.

Question
Quels sont les aspects méconnus de votre métier?
Réponse

Étant donné que je suis très portée vers le travail numérique et que j’utilise moins la table à dessin traditionnelle et le matériel d’artiste, ma profession est souvent vue comme un mélange entre un designer graphique et un infographiste. Le terme « illustrateur » est assez flou pour la majorité des gens car l’illustration en elle-même est souvent mal comprise. Quand j’explique que les images que je crée sur ma tablette numérique seront incluses dans divers documents comme des livres, ils comprennent mieux. Je crois que c’est un atout majeur d’utiliser la technologie aujourd'hui car cela offre une plus grande rapidité d’exécution, entre autres, pour apporter des modifications aux esquisses

Question
Qu’est-ce qu’un futur illustrateur devrait savoir? 
Réponse

En tant que travailleur autonome, il faut faire preuve de patience. Pendant les premières années, la majorité des illustrateurs ont un deuxième revenu qui leur permet de subvenir à leurs besoins pendant que leur image de marque se développe. Pour ma part, j’ai suivi un cours en entrepreneuriat qui m’a fourni les outils nécessaires pour élaborer mon offre de service et attirer des contrats. Même si je suis spécialisée en littérature scientifique, je peux faire de tout. Je crois qu’il est important de diversifier ses activités. Une personne qui est moins intéressée par le démarchage et la prospection de clients peut, quant à elle, faire partie d’une ou de plusieurs agences qui cherchent les contrats pour leurs membres. Certains illustrateurs collaborent d’ailleurs avec la même agence depuis des années.

Entrevue réalisée par Pascale-Andrée Boivin